C’est une question de survie et de bon sens. Face à la raréfaction des ressources halieutiques à cause notamment des mauvaises pratiques de pêche, l’adaptation s’impose. Et il va s’en dire que la meilleure option qui s’offre à l’humanité est l’aquaculture.
Pour parler trivialement : l’élevage de poissons. La question est si sérieuse que la Banque mondiale y a consacré une étude et le résultat est sans appel : le développement durable de l'aquaculture reste essentiel pour répondre à la demande croissante de la population mondiale en produits halieutiques. Cela, d’autant plus que, selon toujours l’institution de Bretton Woods, en 2030, 62 % de la consommation humaine en produits halieutiques proviendra de l’aquaculture. Au Sénégal, prend-t-on cette alerte au sérieux ? On peut en douter. Même si une agence dédiée au développement de ce sous-secteur de la pêche existe depuis 2006, on ne peut pas dire que l’aquaculture navigue par beau temps.
Les défis auxquels elle est confrontée sont si nombreux que la volonté manifeste et manifestée de l’Etat de développer l’aquaculture semble dérisoire. En quelques années, le nombre de sites de production a explosé. Bémol, il y en a que 283 qui sont fonctionnels. Encore que sur ce chiffre, 76 ne sont pas aujourd’hui exploitées à cause d’insuffisances, de carences, tandis que d’autres sont tout simplement en voie d’extinction, a relevé l’Ana lors d’un atelier organisé au mois de juin avec les producteurs d’alevins et d’aliments. Justement, à propos d'alevins et d’aliments, les principaux intrants pour l’aquaculture, leur cherté constitue un autre facteur au développement de sous-secteur.
Et pourtant, il existe un Code de l’aquaculture voté depuis 2021, mais le sous-secteur reste toujours le parent pauvre de la grande famille de l’économie maritime. Il est évident que si le Sénégal veut atteindre les indicateurs qu’il s’est fixés à travers la nouvelle stratégie nationale (la production de 172 millions d’alevins en 2032 ; de 65 000 tonnes de poisson marchand et de 90.000 tonnes d’aliment et la création de 50 000 emplois), il faudra bien redoubler d’effort. Cette urgence, la nouvelle équipe dirigeante de l’Agence nationale de l’aquaculture (Ana) semble en avoir pris la mesure. Et c’est tant mieux. Son Directeur général multiplie les tournées à l’intérieur du pays et à l’étranger afin de faire bouger les lignes.
L’enjeu, aujourd’hui, est de faire de ce sous-secteur méconnu, une alternative crédible à la pêche, y orienter une bonne partie de nos milliers de pêcheurs afin que les produits de l’aquaculture inondent le marché. Et là, peut-être que la sempiternelle complainte « il n’y a pas de poisson » deviendrait un lointain souvenir. Pour dire que ce qui nous nourrit demain, doit être élevé dès aujourd’hui.
C’est une question de survie et de bon sens. Face à la raréfaction des ressources halieutiques à cause notamment des mauvaises pratiques de pêche, l’adaptation s’impose. Et il va s’en dire que la meilleure option qui s’offre à l’humanité est l’aquaculture.